Ceci est (ma) première petite histoire conne. Cette histoire risque de choquer les esprits les plus perspicaces. Il n’y donc aucune objection à ce que vous la lisiez. Dans une lointaine galaxie, il y a bien longtemps… C’était l’apogée du disco. On pouvait se marier toutes les semaines, baiser sans protection, les drogues étaient encore trop récentes pour qu’on les interdise. Mickeal, Malcom et Humphrey étaient de ce monde, et n’allaient mourir que bien plus tard car ils étaient encore bien jeunes. Mickeal et Malcom s’habillaient très branché, alternant avec finesse les lunettes mauves avec la coupe aphro, même si Mickeal n’aimait pas trop car il était blond vénitien, et les shorts en vinyle avec les trompettes en strass’. Ils fréquentaient les meilleurs fripiers de Boston, et les boîtes les plus select’ de Cannes. Malcom prêtait volontiers son jet aux affres de son ami et aux amis de son ami, car il était tout de même un peu naïf. Leur vie était idyllique, et tout le monde leur accordera qu’être riche sans avoir rien fait pour ça, c’est injuste, mais c’est bien quand c’est nous. Humphrey croisait souvent les deux amis, car il était monsieur-pipi au « Disco fever », boîte du mardi matin des sus-dits. Il était heureux, car il faisait des pointes à vingt francs les samedis soirs –hé, oui, le disco, c’était aussi la vie pas chère où on n’était pas complexé en jetant 5 centimes dans la petite assiette, ce qui donne un peu la gerbe à chaque fois qu’on compare l’objet avec l’utilité de l’endroit-. Humphrey était un de ces fils de multimilliardaires à qui la vie souriait, jusqu’à ce qu’ils fassent une overdose de sardines hormonées, et que toute leur fortune soit dilapidée entre toutes ses ex-femmes, qu’il reste rien à leur propre famille, qui l’ont bien dans l’os. Le mariage rend heureux, jusqu’à ce qu’on soit marié. Et donc Humphrey, non content d’être affublé d’un prénom disgracieux, n’avait pas eu la chance, ou l’opportunité d’avoir eu une bonne éducation en primaire, ce qui lui a valu de ne pas passer son brevet… au quatrième coup. En gros il était simple et n’envisageait pas d’être promu au plus haut grade de sa branche : Technicien sanitaire supérieur, ce qui pourtant laisse rêveur, vous en conviendrez. Vous-vous demandez peut-être quel est l’élément déclencheur qui télescopera les destins apparemment éloignés des protagonistes ? C’est un hors-d’œuvre périmé et réemballé par les cuisiniers du « Disco fever » . Malko, heu non Mickeal (Malko c’est un de ses amis, agent secret , mais c’est une autre histoire dont Gérard pourra vous parler) l’ingurgita sans trop faire à l’odeur attention, malgré les protestations plus qu’insistantes de Malcom qui n’avait pas sniffé de l’éther, et donc pouvait reconnaître le fumet caractéristique du pâté moisi. Mickeal, qui au début refusait de se faire vomir (car « il voulait pas gaspiller les trois space-cakes que sa tante Georges lui avait cuisiné avant de sombrer dans le coma ») dût hélas se faire une raison, lorsqu’il sentit à la fois une pression inhabituelle car mal placée dans son pantalon écossais et une odeur assez forte pour couvrir celle des stupéfiants. On ne vous l’épargnera pas : Mickeal s’était bien chié dessus. Il dû se rendre, seul et sans aucune assistance (on les pardonnera quand même, ses potes, rapport à l’insupportable odeur), aux TOILETTES HOMME. Là siégeait Humphrey, accroupi pour récurer une tache suspecte sur le bord de la lunette d’un des trônes. Surpris par cette bouffée d’air inhabituellement pestilentielle, il se releva. Mais à ce moment précis, cher lecteur découragé, il ne se produit pas ce qu’il eût fallu qu’il se produise, et celui qui fut sauvé ne fut pas celui qu’on croit, cher fût à bière. En effet la tête de l’homme-pipi heurta violemment le rebord en amiante du trône –rappelle-toi, c’était il y a longtemps- et Humphrey, sonné, pensa qu’il fallait mieux ne plus bouger, car ne sait-on jamais, il pourrait déplacer un caillot dans sa tête qui serait bien foutu de le rendre encore plus dépendant qu’il ne l’était déjà. Et puis il était un peu feignasse, le bougre. Il s’endormit en sursaut dans la foulée. Dans une vision d’horreur, Mickeal, tout chiant et dégobillant, courut vers le toilette juste après celui occupé par Humphrey, voyant que celui-ci (le toilette, pas Humphrey, puisqu’il dormait) était occupé. N’attendant pas son reste (de quoi, je n’ose pas y penser, mon pauvre et désœuvré ami), il fit sa grosse affaire assez rapidement à sa grosse surprise, faudra-t-il noter qu’elle était déjà bien entamée, et que les drogues, relâchant sa masse musculaire, lui avaient mâché le travail. Sortant –un peu cra mais l’habitude se formait au fil des bitures- du toilette (on aurait pu entendre de la piste de danse la chasse d’eau peiner deux fois de suite), il remarqua que son voisin de trônée paraissait inconscient. Comme la plupart de ses congénère de l’époque, il n’avait aucune connaissance de la physiologie humaine, et crût à un coma éthylique, et ainsi ne chercha même pas à le réveiller (là tu peux dire que c’est un peu gros, lecteur médisant). Il le prit sous les épaules et le traîna vers l’extérieur. En effet, les portables n’existaient pas encore à l’époque, dis-je déçu à avoir à vous le préciser, ignares. Et donc le bien-heureux fut porté dans le véhicule de location du déconstipé (donc bien-heureux lui aussi, dans un certain sens), par ce dernier et ce sans aucune aide, les autres étant cependant partis batifoler dans les dunes cannoises, l’odeur n’étant qu’un prétexte à un retour à la nature et aux grands espaces à caractère pornographique. Le couple ainsi formé se dirigea vers l’hôpital le plus proche, le Centre Saint-Bud. On donnait encore le nom de béatifiés aux hôpitaux, en cette heureuse époque. Les deux passèrent la nuit au Centre, l’un à dormir, l’autre à subir des lavements. Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants. C’est la fin, elliptique, lecteur épileptique. |