Apologie pour un suicide organisé légal



Le suicide est un acte d'extrême courage
Se suicider n'est pas une chose aisée. Souvent qualifié de preuve de lâcheté par ses détracteurs, il n'est pourtant pas aussi facile qu'on peut parfois le prétendre.
En effet, mettre fin sa vie est l'aboutissement d'une longue introspection qui a abouti sur un constat d'échec cuisant pour le suicidaire. Cette remise en question sur soi même est déjà une bel effort en vue d'apporter des solutions à ses problèmes. De plus, tout arrêter signifie ne plus se lever le matin en voulant rester encore un peu au lit, ne plus manger de chocolat et encore bien d'autres évènements existenciels dans la vie d'un être humain.
Le suicide est trop souvent considéré dans notre société comme l'antithèse de la vie. Erreur.
La vie consiste en le fait pour l'homme de profiter des instants, trop peu nombreux, qui lui semblent bénéfiques. Bénéfiques pour son épanouissement, ou plus ordinairement et normalement, bénéfiques pour son existence au moment présent. Carpe diem.
Or ces instants de vie ne représentent qu'une fraction infime de la vie d'un homme. Celle-ci n'est valable que de son propre point de vue et très certainement pas de celui d'un tiers, aussi proche soit-il. Ainsi la famille, même si elle peut materialiser des attaches fortes, n'a aucun droit à refuser le suicide d'un de ses membres. Certes elle souffre, mais elle n'est pas la seule. Le partage de la souffrance ne la réduit pas mais permet toutefois de mieux la cerner et donc de la combattre.
Quelle doit être la réaction de la famille en cas de suicide d'un de ses membres ?
La réponse est toujours la même à savoir qu'elle se doit de respecter le chois émis. Cependant, si la famille et la victime étaient particulierement proches et si le dialogue etait le fruit d'une forte complicité, la famille est parfaitement responsable d'une partie de la souffrance de la victime. Son incapacité à ne pas avoir décelé plus tôt le malaise la rend indéniablement responsable. Par contre, si la victime était assez renfermé sur elle même et qu'elle ne se confiait pas aisément, la famille n'a aucun reproche à se faire. Elle se retrouve parfaitement exonérée de tout tort.

Le droit au suicide se devrait d'être présent explicitement dans toute législation et le droit qui en découle, l'euthanasie, également. Le choix émis par la victime qui souffre de ne pas voir les choses se dérouler comme elle le souhaite, qui a tout perdu, qui ne voit plus l'intérêt de continuer..etc..se doit d'être normalisé.
Pour quelles raisons la loi devrait elle accepter clairement et mettre en œuvre le suicide ?
Certaines raisons, plus que d'autres, devraient permettre à ceux qui le désirent d'en finir avec la vie par des moyens gratuitement offerts par l'Etat.

1-En effet, cela permettrait de limiter au maximum toutes les névroses destructrices d'individus devenus fous et mettant fin à leur existence en compagnie de celles de parfaits innocents. C'est l'exemple du père de famille qui perd son emploi, qui croule sous les dettes, qui se retrouve seul et qui va décider le jour où le divorce est prononcé d'abattre ses enfants ainsi que son ex-femme avant de se donner la mort. Ceci n'est pas tolérable. Un suicide organisé, normalisé et prévu par la loi permettrait d'éviter ces barbareries et sauverait des centaines d'innocents par an. En l'espèce, le père de famille se serait présenté dans un institut dans lequel il aurait exposé son problème, où on aurait tenté de résoudre ses problèmes, de le convaincre de faire autrement. Après un délai raisonnable de reflexion de l'ordre de quelques jours, il aurait pu se présenter à nouveau à l'institut afin d'en finir avec la vie.

2-Certaines personnes ont davantage que d'autres peurs de veillir. Certaines se suicident souvent vers les 40-50 ans afin d'éviter de decrepir. Malheureusement elles passent pour des fous. Trop souvent on les imagine comme folles. Encore une fois, un suicide organisé permettrait de faire sortir ces personnes de l'ombre et de leur donner un statut davantage orienté vers celui de la maladie, une phobie. Les plus sûrs d'entre eux pourraient néanmoins continuer le processus d'autodestruction et mourir en paix. Les autres, ceux pour qui une maladie aurait été décelée, seraient soignés. Une fois de plus, la volonté de chacun est respectée et on soigne ceux qui en ont besoin.


3-En remontant encore dans l'axe du temps, on peut trouver la catégorie des 14-25 ans. De part la société qui les dégoûte, le fait qu'ils se savent d'ores et déjà perdus et que leur meilleure chance d'avenir se situe dans un lycée pourri à enseigner à des incultes, ils ne désirent plus continuer. Ils viennent de quitter l'âge tendre pendant lequel ils ont été chouchoutés et ils se rendent compte qu'ils vont passer des decennies à exercer (pour les plus chanceux) un métier mal rémunéré, qui ne les interesse pas et qui va les amener dans un cercueil à coup sûr. Si l'arrivée est la même, la voie du suicide organisé permet néanmoins de choisir la route qui va y mener, ce qui est un plus considérable. Ce créneau des jeunes suicidaires volontaires représente un fort potentiel en matiere de demande de suicide organisé. C'est ici que se situe la plus grosse part du marché pour les éventuels professionnels du suicide. Et très logiquement, afin de ne pas faire de cette activité un secteur de business lucratif (comme tout autre produit de consommation courante), le suicide organisé doit être une activité du service public répondant à toutes les caractéristiques classiques des services publics classiques tels que les impôts ou le rail. C'est à dire qu'il faut que le suicide organisé soit possible à tout moment, c'est le principe de continuité du service public. Il faut absolument éviter qu'un individu se retrouve dans la detresse lorqu'il cherche à se suicider. Il faut éviter le suicide sauvage trop souvent cause de massacres d'innocents. Il faut permettre aux administrés de se suicider dans des conditions d'hygiène et de tranquilité dignes d'un pays industrialisé. De ceci découle les principes de tranquilité et de salubrité publique qui se doivent aussi d'être respectés par l'Etat. Celui-ci est dans l'obligation de permettre à ses administrés de ne pas être la victime d'un fou furieux suicidaire. En instaurant le suicide organisé, ce principe est appliqué le mieux du monde.
Le principe de gratuité du service public doit-il s'appliquer au suicide organisé ?
La réponse n'est pas évidente si l'on considère que tout travail mérite un salaire. Il est évident qu'avec les problèmes de plus en plus nombreux que la population mondiale va rencontrer (pollution et pluies acides, chômage, insécurité croissante, accroissement des inégalités…), le nombre de suicides va augmenter en proportion. Or tous ces suicides ne peuvent pas être uniquement payés par l'Etat c'est à dire les contribuables pour des raisons évidentes de coûts trop importants. La solution serait par conséquent le versement par le suicidaire d'une somme forfaitaire quelque soit le type de suicide qu'il a choisi. Le complément, si besoin, étant partagé entre l'Etat et la famille. Si le suicidaire n'a pas de famille connue, le total est porté à la charge de l'Etat.
Cependant, un problème se crée: selon le type de suicide choisi et en fonction de son prix: il apparaît une hiérarchie des suicides et donc une hiérarchie sociale jusque dans la mort. La solution serait de n'offrir aux suicidaires qu'un seul type de suicide mais ce système bloquerait alors la liberté de chacun de choisir sa mort. Devons nous en conséquence en conclure que nous ne sommes pas tous égaux devant la vie et la mort? Devons nous remettre en cause la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen de 1789 ?
La remettre en cause, non, car elle consitue une utopie fantastique qu'il serait bon d'atteindre un jour. Cependant, il faut reconnaître que cette utopie est, par définition, irréalisable dans les faits.
Les différents types de suicides
La différenciation des différents suicides permet de donner un sens au décés de la personne. Ainsi le suicidaire pendu dans son salon ne laissera pas le même empreinte que le suicidaire aux médicaments. Le premier veut laisser son âme dans la pièce où son corps pend, il désire que l'on se souvienne longtemps de lui en levant les yeux vers la poutre autour de laquelle la corde a été nouée. Le deuxième souhaite, au contraire, se faire oublier. Il veut partir le plus rapidement possible et sans en avoir parfaitement conscience.
Le pendu, par sa volonté perverse, doit-il néanmoins être aidé financièrement dans sa démarche auto-destructrice ? Le drogué, dans son désir d'en finir au plus vite, a-t-il davantage le droit d'être aidé que le pendu ?
Afin de répondre à ces questions, il est bon de poser les bases du système de remboursement du suicide organisé. La pierre angulaire dudit système pourrait être l'aide financière systématique au suice organisé. Ainsi quelque soit le mode choisi, le suicidaire doit pouvoir bénéficier de la meilleure offre possible afin d'arriver à ses fins et choisir comment il va mourir.
Conclusion
L'insertion dans le Code Civil d'un nouvel article traitant du suicide organisé serait bien plus qu'une solution alternative à la folie des hommes. De plus, le choix du suicide permet de rendre leur dignité à
plusieurs catégories de personnes qui se sentaient à part dans notres société. Cependant, afin d'éviter les abus, il serait bon de protéger d'éventuelles victimes du suicide organisé en rédigeant un alinéa de l'article comme ceci:
"Chaque individu ne peut être amené à se suicider par l'intermédiaire du service public du suicide organisé qu'une seule fois dans sa vie".
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