The Vines traînent leur colère punk à Paris le 22 octobre 2002 au bataclan Pour leur seul et unique concert en France, les Australiens de The Vines se sont montrés tels qu’on les attendait : passablement bordéliques et définitivement punks. Récit. Pour ce premier concert en France, il est curieux de voir que les Australiens de The Vines n’affichent pas complet. A l’extérieur, le marché noir, d’habitude extrêmement rapace à Paris, organise une grande braderie, descendant jusqu’à 8 euros la place. Au vu du battage médiatique autour de Highly Evolved, premier album cyclothymique de ces prétendus sauveurs du rock’n’roll, on reste surpris et un peu interloqué devant ce possible fiasco. En entrant dans le Bataclan, la salle est pourtant remplie et l’air enfumé et moite. Sur la sono, le Songs For The Deaf des sympathiques Queens Of The Stone Age semble contenter le public qui commence à s’ébrouer tranquillement. Lorsque le groupe arrive sur scène et se lance dans Outthaway, formidable hymne binaire extrait de leur premier album, les Vines font peine à voir : le son, particulièrement mal équilibré, gaspille cette petite pépite punk qu’on aurait rêvé entendre dans de meilleures conditions. Même si le son restera l’un des problèmes majeurs de ce concert, il n'ira heureusement qu'en s’améliorant. Dés ce redoutable début, le public remarque le fossé entre Craig Nicholls, chanteur, guitariste, gueule d’ange et boule de nerf, et le reste du groupe, passablement neurasthénique et visiblement effrayé par la débauche d’énergie de son meneur de revue. Comme sur leur premier album, le set alterne longues dérives psychédéliques et tueries punk de bon aloi. Sur les deux minutes de Get Free ou Highly Evolved, Craig Nicholls semble passablement emprisonné, incapable de casser les cloisons de ces mécaniques trop bien huilées. Il compense par moult cabrioles plus ou moins feintes, donnant à ce public venu voir le nouveau Kurt Cobain ce qu’il était venu chercher. Sa voix, toujours sur le fil, s’amuse avec les lignes mélodiques des chansons, tantôt furieuse et habitée, tantôt geignarde et approximative. Lorsque les Vines s’attèlent à la partie la plus calme de leur répertoire, les morceaux se rallongent considérablement et Craig trouve enfin un espace de liberté pour s'amuser. Et passablement nous ennuyer également. Si certaines complaintes s’en sortent bien (la décidément superbe Homesick), d’autres se perdent en chemin et semblent se dérouler sans but apparent (Mary Jane, Autumn Shade, pénible). Le groupe reste cramponné à l’original tandis que le chanteur s’évade progressivement de la chanson à coups de feedback hantés et de hurlements de loup. Comme tout bon concert de rock’n’roll pour jeunes, on échappera pas au processus logique de destruction du matériel. On commence vaguement avant le rappel en taquinant la batterie et les amplis et on finit le travail à la fin du set en se jetant vainement sur la batterie et en détruisant la guitare. Si le rituel peut prêter à sourire, il devient franchement rigolo lorsque l’on voit ce chien-fou de Nicholls s’adonner seul à ce petit jeu, sous les regards contrits de ses camarades. A l’évidence, ce groupe regorge de talent, et la sincérité de son chanteur n’est absolument pas à remettre en question. Ce concert foutraque mais réellement habité, punk au véritable sens du terme, en est curieusement la preuve (on est loin du professionnalisme affiché des Strokes). Reste que l’on peut craindre pour la survie d’une formation partie pour promener son maigre répertoire aux quatre coins du globe pour encore une bonne année. L’usure et la pression risquent bien de tuer dans l’œuf le potentiel d’un groupe déjà un tantinet fatigué. Martin Cazenave |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
W.I.P work in progress... |