C'est le premier album de radiohead et c'est aussi le plus brut. Alors, LP grungy
ou corrompu par EMI? |
Radiohead a signé chez EMI en 1991 car c'était le seule compagnie qui leur permettait
d'enregistrer et de jouer live rapidement. Pas de signature chez un indépendant
donc ça commence mal peut on penser. D'habitude je suis globalement d'accord
avec ce type de raisonnement mais en ce qui concerne rh, on peut legitimement
estimer que le choix a été bon compte tenu de la manière dont le groupe mène
sa carrière. |
Le premier EP de radiohead qui débouchera sur pablo honey s'appelle drill. C'est un single trés brut. Deux des titres étaient des demos que le groupe avait
enregistré rapidement pour les donner à la maison de disques avant de signer.
EMI conservera you, thinking about you et prove yourself pour Pablo honey. Il est inutile d'essayer de faire une comparaison avec les autres albums de rh et même si certains s'amusent à l'appeler Pablo honey, je ne pense pas qu'on puisse dire que cet album est mauvais. Alors oui forcément il est moins abouti que les autres mais quoi de plus normal?!? |
On ne peut pas demander à un premier essai d'être parfait! Et puis si tout est extraordinaire
dés la première fois, il n'y a plus rien à découvrir par la suite
(hola, y'a 2 manières de lire cette phrase, non?). Ce qui a fait découvrir rh c'est bien entendu creep. Le titre a été écrit par Thom Yorke en 1987 sur une guitare sèche. Elle était au départ très differente. Il a amené la chanson au groupe pour la jouer. Jonny Greenwood détestait le morceau et pour le faire savoir il a commencé à donner de grands coups de guitare. |
De là sont venus les passages de Jonny sur le refrain. Creep est un hymne à la solitude et parle de l'importance de l'image. Image de l'homme
sur lui-même. Mauvaise image de lui-même. Mais Pablo honey ne se limite pas seulement à creep. En effet, le LP comporte bien d'autres titres capables d'attirer votre attention (surtout dans la version japonaise). stop whispering et been thinking about you me paraissent bien à part sur l'album. Plus lents et moins rudes, ils n'en demeurent pas moins très interessants. Les deux titres que sont inside my head et million dollar question, uniquement présents sur cette fameuse version jap, sont véritablement de l'huile essentielle de rage. En les écoutant, c'est vrai, on pense directement à nirvana et son grunge. Néanmoins, ne cherchez pas dans cet album des références nivanesques car il n'y en a pas. Le groupe a composé ces titres d'un seul jet, sans savoir où il allait et sans aucune volonté d'imiter un style particulier. Alors evidemment pablo honey est parfois considéré comme post grunge mais en réalité cette qualification n'est valable que d'un point de vue chronologique. Si l'album sortait aujourd'hui et avec la mort de Cobain et donc de nirvana, on ne chercherait probablement pas à relier les deux groupes. You est le premier titre de l'album et je dois bien avouer que c'est l'un de mes préférés, tous les albums confondus (disons qu'il serait dans mon top ten). Mélange pas du tout subtil -because of the telecaster- d'un lyrisme déliriumyorkesque et de variations rythmiques, le titre se révéle être un hymne à l'amour. L'album comporte aussi des titres assez passe-partout. Ainsi How do you?, I can't ou Lurgee même s'ils ne sont pas mauvais, ne permettent pas de detecter en rh un avenir prometteur. Par contre, Blow out a le mérite de nous donner une idée assez flateuse pour le groupe, celle qui va donner l'orientation qui sera choisie par la suite. Et puis quand Yorke a écrit les paroles de Pablo honey nous sommes déjà en pleine crise économique depuis des années et cela va se ressentir dans la manière qu'a eu Thom d'aborder l'album. Vegetable ou prove yourself reflètent assez bien ce caractère. I can' t afford to live in this town, nowhere to sit without a gun in my hand (...) I'm better of dead nous dit le petit Thomy. Rejet de la violence mais incapacité de s'adapter à cette dure réalité qu'elle représente dans nos vies. Résultat: on en a marre et le seul moyen de s'en tirer c'est de tout plaquer. C'est ce que semblent vouloir indiquer les Oxfordiens. Heureusement ce n'est qu'une chanson mais il faut bien avouer qu'on a tous penser à en finir un jour... Pablo honey est un bon album, pas de doute là-dessus. De tous ceux de rh c'est très certainement celui qui se pose le moins de questions. En effet par la suite avec The bends nous aurons droit à l'analyse de notre personnalité (c'est l'écorché vif des leurs LPs); puis OK computer une analyse de la société contemporaine; avec Kid a c'est le Prozac qui nous est prescrit tellement l'album est sombre (mais très réaliste attention). Pablo honey ne pose pas de questions, il apportent les réponses. Pas d'interrogations, juste des affirmations brutes et parfois brutales. Juste un petit mots sur les clips. Creep me fait penser à Smelles like teen spirit mais uniquement dans la mise en scène (le groupe en live face à ses groupies). Anyone can play guitar est assez commun, le groupe se balade à travers une pièce, canapé et accesoires compris. Pop is dead est très special. On y voit Thom maquillé et mort, quoique chantant dans un cercueil de verre. Etrange mais original. Très certainement le meilleur clip issu du LP. Enfin, si Pablo honey et The bends vous branchent, je vous conseille fortement de vous procurer la K7 Astoria London Live. Vous y trouverez une bonne partie du premier et quelques titres du second (sachant qu'à l'époque "Le mal des caissons" n'était pas encore sorti)-il y a notamment une extraordinaire version de My iron lung qui servira de clip. |